lundi 27 janvier 2014

Le pot de terre contre le pot de fer » Episode 7

 Le pot de terre contre le pot de fer »
Episode 7


Mercredi 1er janvier 2014 :

Ça y est, une nouvelle année commence.

Ce soir, nous finissons notre gâteau… si simple et si bon !

Après l’envoi de nos bons vœux à ceux que nous aimons tout au long de la semaine nous nous sommes reposés un peu avant la reprise de nos recherches.
Notre fille a fini le montage de son Yacht Lego Friends toute seule alors qu’elle est sur le point d’avoir cinq ans. Elle nous épate !
Nous commençons alors à lui faire monter certains Lego Technic
Ce samedi, les enfants font de la peinture et sont très content car cela faisait longtemps. Maintenant, nous camouflons les rails de BA13 dans notre pièce de vie avec les peintures et les dessins des enfants.

Tout échange avec nos amis des antipodes nous réconforte.
J’ai tant envie de les serrer dans mes bras et partager de bons moments avec eux …
Nous sommes très touchés de leurs bonnes paroles et de leur soutien. Nous avons hâte de les rencontrer.
Quant irons nous ?
Dès que nous aurons redressé notre situation et le plus tôt possible.

En attendant tous ces bons moments, ce soir nous savourons du champagne à prix très raisonnable de chez Aldi devant Stargate Atlantis…
C’est toujours ça que « Porcinet » n’aura pas !


Dimanche 5 janvier :

Nous sommes quotidiennement en contact avec nos amis antipodistes avec lesquels nous avons de riches échanges.
Que ce soit pour la progression des robots que mon mari programme, de simples conversations ou des informations sur leurs pays pour une étude que nous faisons dans le but d’un nouveau lieu de vie, nos amis dispersés sur tout le globe nous apportent beaucoup… ce qui nous aide énormément à remonter la pente du cratère dans lequel nous sommes tombé.
Mille Mercis à vous chers amis !


Lundi 6 janvier :

Nous avons également plaisir de lire nos quelques connaissances familiales et amicales de France que nous aimerions revoir prochainement mais nous sommes tellement pris à cette course contre la montre pour redémarrer de rien avec notre projet en cours d’études et de développement.

Nous fêtons le cinquième anniversaire de notre fille en même temps que les rois avec une bonne galette.






Jeudi 9 janvier :


Ça y est ! Aujourd’hui, nous démarrons notre robot.

Il faut maintenant laisser le temps faire le reste…
Mon mari toujours en études sur ses programmes  robotiques n’est pas suffisamment satisfait.  Le travail continue.
Je pétille d’impatience de le démarrer.
 



Samedi 11 janvier :

Mon mari n’était pas bien depuis jeudi à tel point qu’il pensait avoir une gastro mais aujourd’hui, tout va mieux. Certainement le surmenage car il ne se repose pas.
Il faut dire que maintenant que les fêtes sont passées, les affaires bonnes comme mauvaises vont reprendre.


Mardi 14 janvier :

Mon mari s’est présenté au tribunal ce matin pour l’affaire du report de nos crédits.
L’avocat de la partie adverse lui ayant remit une réponse à notre courrier précédent en main propre devant le juge il demande un report en faisant constater au juge qu’il y a anguille sous roche à faire traîner les choses.
Le report est accepté et porté au 25 mars.


Jeudi 16 janvier :

Un huissier envoyé par la banque non populaire frappe à la porte.
Ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier !
Il nous informe qu’une estimation de notre maison professionnelle doit être faite prochainement avec un DPE (Diagnostique de Performances Énergétiques) pour une mise en vente aux enchères dans le but de régler un petit crédit de prêts pour travaux en cours.
Après la signature des papiers, il nous fixe un rendez-vous pour l’estimation de la maison le jeudi suivant avec lui-même et un professionnel des DPE.
Si nous sommes locataires de ce bâtiment nous devrions avoir moins de frais pour la réhabilitation de ce lieu de vie en chantier car il y a encore du travail.

Suite à cela, mon mari contacte notre conseiller juridique dans le but d’avoir son avis qui confirme le nôtre… Nous n’avons plus rien à perdre, bien au contraire !


Vendredi 17 janvier :

Les échanges sur nos projets avec nos amis antipodistes vont bon train.
Il est très important pour nous de parler de nos projets et de nos éventuelles possibilités à venir car cela nous apporte une « auto-énergie » nous donnant suffisamment de punch pour redémarrer après ce coup dur.
Il y a tant de choses à faire dans la vie qu’il faudrait que nous développions notre propre potentiel.
Pauvres êtres humains qui n’utilisons que dix pour cent de notre cerveau.


Lundi 20 janvier :

Nos enfants continuent leur progression un peu à la façon d’un yoyo avec une corde plus longue à enrouler pour la montée que pour la descente.
Ils ressentent notre fatigue et profitent un peu de la situation mais nous ne cédons pas.

Mon mari n’a pas le temps de redémarrer son robot à cause de toute la paperasse comme presque tout les lundis mais aussi parce qu’aujourd’hui, c’est la suite de notre affaire au tribunal.
A son retour, il m’informe que l’affaire de report des crédits immobiliers  est reportée une fois de plus suite à la banque qui joue la carte du dilatoire. Rendez-vous au 17 février.

A son retour, mon mari finit les modifications de sécurité du robot pour le redémarrer demain.

Pendant ce temps, j’écris.
J’écris petit à petit notre vie que vous lisez en ce moment, je termine d’écrire ma vie de quatorze à dix huit ans pour le publier demain au plus tard et commence à écrire ma vie de 18 ans à la rencontre de mon mari.


Je pense beaucoup à nos amis qui nous ont donné un sérieux coup de main après l’incendie.







Jeudi 23 janvier :


En milieu d’après-midi, l’huissier se présente avec le diagnostiqueur pour l’estimation de notre lieu de vie.
Après deux heures de métrées, de photographies, de détections et d’enregistrements audio, ils repartent.
Ils n’étaient ni d’un côté, ni de l’autre. Mais en discutant un peu avec l’huissier, il n’en revenait pas du comportement de l’assureur et du banquier et nous laissa quelques contacts pour d'éventuels bons conseils.
 




Vendredi 24 janvier :


Tout au long de la journée, mon mari constate une erreur de programmation. Mais nous ne regrettons pas car si nous nous sommes trompés, nous recommencerons, et ce quel que soit notre travail. L’erreur est plus formatrice que la réussite et, faire et défaire c’est toujours faire.


Samedi 25 janvier :

Le fruit de notre travail commencerait-il à se développer ? Il est encore trop tôt pour en juger.
 


Ce midi, nous mangeons de la saumonette que nous savourons avec du champagne pour fêter cette nouvelle progression… Le champagne : cette boisson aux fines bulles qui allège la lourdeur de la vie lorsqu’elle se fait ressentir.

Les enfants continuent leur progression et nos activités de sculpture progressent.

Ce soir, je confectionne de nouveaux chocolats à base de confit d’orange et de spéculoos que vous retrouverez sur mon blog dès que j'aurai un instant pour publier toutes mes recettes en attente.


Lundi 27 janvier :


Ayant ma nouvelle machine à pâte, ce week-end, j’ai aussi confectionné mes raviolis.
Réalisés en grande quantité, ils se congèlent très bien si chaque couche est séparée d’un papier cuisson. Encore une recette que je vous dévoilerai prochainement … Encore une fois, une peu de patience avant leur publication …


En début d’après-midi, les tests robot démarrent. Il manque toujours quelque chose. Tant que mon mari n’aura pas trouvé la satisfaction de ce qu’il recherche, le montage réel ne pourra se faire car il n’est pas question d’investir en matériaux sur un projet mal finit.
Demain est un autre jour pour le robot !
 




Ce soir, je confectionne un quatre-quarts aux pommes et amandes ou disons plutôt un cinq-cinquièmes !

N’hésitez pas à me lire, à essayer mes recettes et me faire part de vos critiques, bonnes ou mauvaises, il y a toujours des tas de choses à échanger!

Ayant énormément à écrire, la suite du mois de janvier se fera avec tout ou partie du mois de février.


A très bientôt pour la suite...




mardi 21 janvier 2014

Ma vie de 14 à 18 ans



Extrait de ma vie de huit à quatorze ans :

En entrant dans ce salon ou je rêvais de travailler, mon cœur battait à toute vitesse mais ce n'était pas le moment de montrer ma faiblesse.
Tout le monde était occupé et R. étant sur le podium en train de faire une coupe, étant aussi le plus proche de l'entrée, s'arrêta pour m’accueillir avec un grand sourire.
Je lui demandai un rendez-vous avec lui-même pour un entretien afin de me proposer à travailler bénévolement pendant les vacances scolaires.
Et là, il eu un grand sourire en levant les sourcils. Il est vrai que déjà à cette époque, les jeunes ne voulait pas beaucoup travailler et encore moins sans gagner quelques chose.
Mais dans ma tête, comme toutes peine mérite salaire, je me disait que si je travaillais bien, j'arriverais peut-être à me faire des pourboires.
R. me répondit qu'il n'y avait pas besoin de rendez-vous pour une telle proposition et après m'avoir un peu questionnée, il me dit d'accord en me demandant à partir de quelle date je souhaitais venir. Après avoir jeté un coup d’œil sur mon petit calendrier que j'avais pris dans mon agenda, je lui proposai toutes mes vacances scolaires en lui précisant les dates.
Tout en continuant à couper les cheveux de sa cliente, il me répondit d'accord, qu'il serait là pour m’accueillir et faire le tour du salon avec E. une des responsables.
Je le remerciai et dit au revoir chaleureusement à lui et sa cliente et reparti avec des larmes de joie.






 Ma vie de 14 à 18 ans



Une fois de plus, je pensais à mon grand-père maternel qui me disait toujours... "Quand on veut, on peut !" . Pour cette fois c'était bien vrai. Peut-être arriverai-je mieux à tout dans la vie avec cette volonté ? Les idées tournaient dans ma tête.
De retour au commerce de ma mère, je lui décris l’entretien avec R.
La fin de semaine passât et le collège reprit avec une semaine plus agréable à suivre grâce à ma motivation pour ce désir professionnel.
Avoir enfin une bouffée d'oxygène dans cet enfer éducatif grâce à cette approche dans le monde adulte !
Encore deux bons mois de cours avant mon initiation professionnelle...

Lors de l'entretien individuel d'orientation professionnel avant la fin d'année scolaire, ne voulant déjà plus aller en cours, j'ai demandé à passer en cours techniques et tertiaires pour préparer un vrai départ professionnel.
Des classes plus proches de la vie qui offraient des leçons informatiques, des extraits de la vie de tout les jours et des cours de cuisine.
Un niveau de classe qui me convenait parfaitement grâce à cette approche plus réelle de la vie. Des cours avec une seule langue étrangère qui me suffisait amplement vu  mes difficultés de mémoire suite à l'épilepsie.
Mes parents ont acceptés ma demande, vu que ma moyenne générale était basse. Ma tante qui était professeur de français et de musique leur a fait comprendre que c'était mieux que de m'imposer des cours que je redoublerai régulièrement avec mon raz le bol de l'école.
Les seules classes que j’aimais étaient la musique, le dessin, l'éducation manuelle et technique, les mathématiques et la géométrie.
Tout le reste qui demandait à être retenu par cœur et qui n'avait pas de déductions logiques stagnaient dans une moyenne de neuf, dix sur vingt toujours pour les même raisons : les trous de mémoires qui ne revenaient jamais entiers suite aux crises d'épilepsie.

Les jours passaient. Les mercredis après-midi, et samedis, je proposais mes services aux commerçants de la ville pour nettoyer leurs vitrines extérieures pour me faire de l'argent de poche.
Mes frères avaient leur argent de poche mensuel par les parents, mais moi, non. Pourquoi?
Je n'avais que quelques récompenses à chaque travail fait pour eux, comme une veste de cuir un jour de foire d'automne ou je gardais le stand extérieur... Ce jour là, j'ai vendu au moins trois poussettes avec leurs nacelles de landau !

A quatorze ans déjà, je me fixais un seul but, travailler pour partir de la maison et réaliser ma vie sans aide de qui que ce soit.
Il faut dire que les seuls moments ou mes parents m'offraient quelque chose, ce n'était pas comme ça, pour le plaisir d’offrir, c'était pour les anniversaires, les Noëls et tout les autres "cadeaux" étaient soit comme des salaires, soit un préparatif pour une demande à venir.

Pendant ces vacances scolaires de printemps, voyant ma mère coudre toujours pour elle et très décidée à apprendre un maximum de choses pour me débrouiller seule par la suite, je lui demandai de m'apprendre la couture.
Un soir, la rejoignant à sa boutique après les cours, elle m'emmena au magasin de tissus qui se situait quatre à cinq boutiques plus loin.
La présence de D. la vendeuse avait un coté très pratique lorsque nous devions nous absenter.
En entrant dans la boutique, les étalages de rouleaux de tissus sur deux niveaux comblaient cette grande pièce bien éclairée.
Ma mère me demanda de choisir un modèle de vêtements sur le catalogue, référencés dans les patrons de couture "facile"
Au bout d'un petit quart d'heure, mon choix fût fait. Une combinaison avec un décolleté noué dans le dos.
Je choisi un tissus fleuri avec une majorité de bleu turquoise.
J'avais hâte de commencer, mais il fallait attendre le dimanche car ma mère travaillait du mardi au samedi dans sa boutique.

Pour faire passer le temps et m'instruire, j'allais parfois dans une petite librairie étroite et toute en longueur discuter et poser plein de questions à la propriétaire de la boutique et sa vendeuse.
La commerçante me montrait le fonctionnement de sa caisse... Il faut dire que des caisses comme celle-ci ne se voyaient déjà plus. Elle était purement mécanique avec de belles touches rondes métalliques qui restaient enfoncées lorsqu'on appuyait dessus et qui remontaient après l'appui de la touche d'encaissement.
" L'écran", recto - verso s'il vous plait, qui indiquait les montants à la commerçante comme aux clients, était mécanique aussi.  Les chiffres représentés par de très petites ardoises défilaient en tournant sur eux-mêmes. C'était fabuleux !
J'observais tellement bien cette caisse à chaque nouvel encaissement qu'un jour, la responsable qui avait très bien comprit mon envie, me fit appuyer ce qu'elle me dictait ... Les touches étaient très fermes et en appuyant dessus, elles s'enfonçaient par un mouvement légèrement courbe. C'était fascinant !
Les jours passent et la fin de semaine arrive.


Le dimanche, après quelques explications et repérages sur le parton de couture, je commençai ma première découpe dans le papier de soie
Après avoir disposé le tissus plié en deux le long de la table, ma mère m'expliqua les sens du tissu, la trame, la chaîne ou le droit fil, les lisières, le biais et les repérages du droit fil, des pliures de tissus sur les patrons.
Elle me fit poser les pièces de patrons sur le tissu en les épinglant régulièrement puis me demanda ensuite de tracer la ligne de coupe à la craie tailleur en respectant les distances nécessaires pour les coutures.
Après vérifications, elle me donna le feu vert pour la coupe. Ce que je fis...
Le dimanche matin passa très vite!
Il fallut ranger tout notre bazar pour mettre la table... vivement l'après midi !
Après notre repas je repris mes leçons de couture.
Ma mère m'expliqua comment tenir le tissu pendant son piquage en machine, le fonctionnement de la machine avec la recharge de la canette, le point droit et le zig-zag qui servait de surfil pour éviter que le tissu ne s'effiloche avec les frottements sur la peau.
Après quelques exercices sur les chutes de tissus, ayant tout compris, je commençai ma combinaison. Il fallut quelques explication supplémentaires pour cranter les coutures arrondies et couper les surplus des angles de coutures pour qu'en retournant le travail sur l'endroit, le tombé soit impeccable, mais à part ça, cela ne me paraissait pas compliqué.
Il ne me fallut pas plus du dimanche et du lundi pour finir mon premier vêtement.
Motivée par cette première réussite, l'envie de réaliser une seconde combinaison en blanc pour travailler cet été me tentait beaucoup.

Dans le salon de R. les seules conditions étaient de porter des vêtements blancs au printemps et en été et des vêtements noirs en automne et en hiver.
Je me fixais un budget en calculant les métrées car il était très important pour moi de me payer ma première tenue professionnelle sans l'aide de qui que ce soit.

Bien qu'encore collégienne, en peut de temps, ma vie fût déjà bien chargée de multiples activités.
Pour faire passer le temps plus rapidement les jours de cours, je m'étais inscrite au club chorale.
Les soirs après avoir fait en partie mes devoirs au fond du magasin de ma mère, je l'aidais dans sa boutique car il y avait toujours quelque chose à faire et D. la vendeuse ne travaillait plus suite à son futur congé maternité.
Ma mère ayant des problèmes de disques usés et de "bec de perroquet" dans le dos, je lui montait ou lui descendait les cartons de vêtements des collections des années précédentes lors des changements de saisons.
Depuis plus d'un an, je servais les clients jusqu'à l'encaissement qu'il soit en espèce, par chèque ou carte bancaire. Les temps ont déjà bien changés car à l'époque, pour les paiements par carte bancaire nous les passions dans ce que l'on surnommait "le fer à repasser" qui imprimait par papier carbone les montants, dates et numéros de carte que le client signait.
Il m’arrivait parfois de garder le magasin toute seule pour que ma mère puisse avoir ses séances chez le kinésithérapeute.
Je prenais confiance en moi.

Le temps passait... mon désir de mourir s'éloignait progressivement...  l'épilepsie faisait toujours fond mais je luttai, j'essayais de repousser les crises qui se transformaient régulièrement en absence mais lorsqu'elles gagnaient la bataille c'était encore plus spectaculaire.

Un lundi, jour ou ma mère ne travaillait pas, nous nous sommes rendues dans une de nos boutiques préférées qui vendait des tissus  à prix très compétitifs.
Une après midi de shopping  et de plaisirs car j'avais trouvé le bon tissu pour la réalisation de ma première tenue professionnelle. Un tissu blanc et fluide dont le tissage formait de jolis motifs fleuris brillants sur fond mate d'un coté et inversement de l'autre coté.

Enfin désireuse de construire ma vie, ma combinaison fût très vite réalisée.
Je continuai ensuite avec ma première parure de lit composée d'une housse de couette et de taies d'oreiller à volants. Cette parure était encore dans mes armoires avant l'incendie.
Mon projet était maintenant de préparer en deux ans mon trousseau pour avoir tout ce qu'il me fallait le jour ou je partirai m'installer seule chez moi pour commencer ma vie.
Le mini-marché ou ma mère faisait les courses presque tout les midis donnaient des points fidélité par tranche d'argent dépensé sous forme de timbres, qui une fois collés sur le carnet face aux articles souhaités, nous faisait gagner de la vaisselle, des casseroles, du linge de maison,... . Ces points l'intéressant très peu, je les récupérai pour préparer mon trousseau.
Au fil du temps, je rangeais mes affaires gagnés dans le haut du placard, fermé par cinq grands portes coulissantes à miroir qui prenait tout le mur derrière la porte de ma chambre qui ouverte à l'équerre de l'huisserie, laissait vingt petits centimètres d'espace.

La fin de l'année scolaire passât très vite !

La veille de mon premier jour de travail bénévole fût un peu déroutante, je me posais beaucoup de questions, comment faire si ... ou que dire si cela ...
Après avoir préparé toutes mes affaires, je me couchai tôt pour bien me reposer et être au point pour ma grande première.

Cette nuit fût longue, je ne dormais pas beaucoup de par l’excitation de ce premier jour de travail !
Levée tôt le matin par peur d'être en retard, je pris un bon déjeuner de céréales et après une bonne douche et un moment de détente dans le canapé, je partis à vélo avec un bon quart d'heure d'avance en direction du salon de coiffure.

Arrivée la première devant le salon avec dix minutes d'avance, j'attendis à peine 5 minutes avant de voir arriver l'une des première collègues.
T. ouvrit les portes en se présentant et me fit entrer...
Après m'être présentée je ne savais quoi dire... alors comme mon grand-père me l'avait appris, je tournai sept fois la langue dans ma bouche avant de ne dire quoi que ce soit.
T. se mit à me parler pour détendre l'atmosphère... car elle avait tout compris, ce qui me fit beaucoup de bien.
Elle me montra rapidement ce par quoi il fallait commencer le matin dans l'armoire placée derrière les bacs à shampoing, en préparant le café pour le personnel mais aussi pour les clients.
Je la suivi ensuite en montant l'escalier en colimaçon caché derrière une porte qui menait au laboratoire ou elle me montra le pliage des serviettes sèches dans le sèche-linge, et la remise en route des machines.
Très peu de temps après, R. et l'équipe venant de la région voisine arrivèrent.
Une fois les présentations faites, R. jeta un coup d’œil sur le planning et me demanda de le suivre avant que sa première cliente de la journée n'arrive.
Il m'expliqua rapidement le fonctionnement de ses salons car il en avait trois, me cita les plus responsables qui prenaient plus de décisions que d'autres lorsqu'il n'était pas présent et me posa quelques questions.
De mon coté, je lui confiai mon état de santé, ma gêne de ces problèmes et de mes différents états "d'après crise" car il était très important pour moi de lui en faire part avant de commencer car je voulais honnêteté franchise entre nous.
Après de multiples échanges, il me fit comprendre que ce n'était pas grave, qu'il fallait faire avec et appela les coiffeuses qui étaient libre pour leur en parler et nous donner les consignes si jamais cela venait à arriver.
Il posa sa main sur mon épaule, me rassura en m'expliquant que pour lui, tout son personnel était comme une grande famille et que chacun était là pour se compléter et s'entraider car sans bonne ambiance et sans entre-aide, une entreprise ne pouvait pas fonctionner correctement.
Sa cliente arrivant, il me mit entre les mains d'E. qui avec ses collègues commencèrent à m'expliquer les produits en réserve, en salon, les outils et accessoires puis leur façon de réceptionner la clientèle et l'organisation pour qu'il n'y ai jamais d'attente lors des coups de bourre.
De moins en moins de coiffeuse étant libre, j'observais, je balayai dès que j'en avais l'occasion.
Dès que j'avais un moment de libre, l'une ou l'autre des coiffeuses me demandait de faire quelques chose jusqu'à leur passer les papiers pointes lors des montages de permanentes. Elles faisaient tout pour m'aider à prendre de bon rythme.
J'ai très vite compris qu'il ne fallait jamais rester dans son coin pour ne jamais laisser l'impression aux client que nous ne faisons rien.
Ce premier jour, j'étais un peu perdue, je me sentais un peu comme droguée à suivre le rythme de tout le monde pour leurs rendre un maximum de services car je ne voulais pas être là, comme un cheveu sur la soupe et leur faire perdre leur temps.
La fin de journée arrivant, nous faisions le ménage de ce grand salon pour entrer toujours dans un lieu propre.
R. me demanda le ressenti de ma première journée... j'étais ravie, fatiguée mais ravie car ce n'étais qu'un rythme à prendre.
Avant de repartir il me donna son accord pour continuer ensemble déjà un mois.

Je rejoignis ma mère à sa boutique avec le plaisir d'une première journée de travail.
Une journée pleine de découvertes... et ce n'était pas fini !

Tout au long de la semaine, m'adaptant facilement au rythme des coiffeuses, je commençai à prendre quelques initiatives en devançant leur demande. Tout le monde était content.

La semaine suivante, je fis connaissance avec J.F. qui était le seul homme du salon, sans compter le patron. Il était en contrat d'apprentissage et était bien sympathique.
J'appris  les mélanges et préparations des colorations, des décolorations, les recharges de shampoings, des découpes de papiers aluminium selon les longueurs des cheveux pour la confection des mèches et en complément de cela, j'observais la réalisation des shampoings, l'applications des colorations et les montages des permanentes.

Progressivement, j'appris. Ma volonté de fer y faisait beaucoup.

Dans le courant de la troisième semaine, j'appris l'émulsion des shampoings et l'application des soins grâce à la gentillesse des collègues qui me confiaient leur tête lorsqu'elles avaient le temps de se faire coiffer entre elles. Elles m'apprirent également les rinçages et fixations de permanentes, les émulsions des colorations pour finir avec les applications des colorations fugaces et semi permanentes.

Comme le salon était ouvert du temps de midi, chaque jour, l'un de nous faisait la liste des courses selon ce que chacun souhaitait manger. D'autres apportaient leur repas.
Nous avions tout à porté de main. Un évier, un four à micro-ondes des plaques de cuisson, des casseroles, toute la vaisselle nécessaire et tout ce dont nous avions besoin pour faire notre petite popote.

Plus d'un tiers des clients offraient un pourboire de cinq ou dix francs rien que pour le shampoing.
Je n'en revenais pas, au cours de cette troisième semaine j'ai gagné plus de cent francs de pourboire.
Et ce n'était qu'un début !

La quatrième semaine finissant mon premier mois de travail fût un rappel de tout de tout ce que j'avais fais les trois semaines précédentes.
Le rythme était pris, j'étais à l'affût de la moindre chose à faire pour rendre service, et cela me plaisait.
Il faut dire que réussir à réaliser le début d'un rêve à quatorze ans est plutôt rare!

R. était très observateur. Ses observations, je les ressentais en bien, comme un soutient pour me conduire vers la bonne voie.
Il n'hésitais pas à critiquer qui que ce soit, mais toujours avec diplomatie et son charisme apportait beaucoup de confiance.
Un jour ou je démêlais les cheveux d'une de ses clientes attitrée, il est arrivé derrière moi en me disant discrètement tout en me redressant les épaules avec ses deux mains "tiens toi droite, rentres tes fesses, rentres ton ventre! Tu dois être fier de ce que tu fais et ton corps te remerciera plus tard car tu ne sera pas voûtée, il faut avoir la bonne position dès le début !" il continua son chemin en direction de la machine à café, et ramena deux tasses pour en boire un avec sa cliente.
Je ne m'y attendais pas, ma mère ne m'ayant jamais recommandé quoi que ce soit sur ce sujet, je ne me rendais pas compte de ma tenue et en m'observant un peu plus, je me rendis compte qu'il avait raison... Merci R. !
Sa cliente me fit un grand sourire avec un battement de paupières confirmant ses mots, je lui souris et me reculai pour observer le chef travailler.
Parfois il me faisait participer à leurs conversations, c'était un plaisir de faire des efforts pour progresser avec R.
L'observer de près comme de loin était très formateur car il avait les bon mouvements, les bonnes attitudes. Parfois il s'exprimait fort en rigolant dans le salon pour faire participer et partager la bonne ambiance avec tout le monde mais il avait toujours le tact d'un vrai gentleman.

Ce mois de juillet passé à travailler bénévolement mais tout de même payé par les poire-boires des clients, était pour moi une bouffée d'oxygène. La découverte de cette profession me plaisait. Je voulais continuer.
Mais mes parents étaient propriétaire les quinze premiers jours du mois d’août de leur appartement aux Baléares et ils y partaient comme tous les ans.
Chaque soir de ma quatrième semaine de travail, lors du soupé, je leur demandais pour rester travailler en les rassurants car mon frère aîné F. restait lui aussi. Il me suffisait de partir à vélo le matin pour aller travailler, de revenir à vélo le soir et de faire à manger pour nous deux le soir. Tout cela que pendant quinze jours.
Bien que le non soit ferme en début de semaine, au fil des jours j'arrivais à donner de plus en plus d'explications et ils m'ont donné leur accord le vendredi soir.

Le dernier samedi de mon premier mois de travail et après un petit compte rendu oral avec R., montrant mon désir de travailler dans son salon de coiffure, il accepta mes services sous condition de l'accord parental.
Le travail reprit un mois de plus.
J'étais ravie ! Pouvoir travailler presque toutes mes vacances était pour moi l'expérience d'un premier pas vers la vraie vie.
Ce deuxième mois fut pour moi un moment de perfectionnement sur tout ce que j'ai appris le premier mois.
Suite à certains conseils des coiffeuses à qui je faisais le shampoing lorsqu'elle se faisait coiffer, j'améliorai la technique en leur massant le cuir chevelu. Un petit effort de plus pour un résultat très rentable qui me permis de récolter plus de pour-boire sans faire beaucoup plus de shampoing.
Une fois de plus, toute peine mérite salaire...

Lorsqu'il y avait moins de monde, je n'hésitais pas à nettoyer la bande de laiton qui couronnait le podium, nettoyer les brosses et tout ce qu'il fallait faire pour faire gagner du temps aux autres coiffeurs.
R. avait toujours le sourire, il relevait régulièrement ses sourcils comme pour me montrer une certaine satisfaction.
Je ressentais comme un effet "boule de neige" de progrès, de réussite et de plaisirs en commun.

Pendant ces deux mois, malgré les odeurs de colorations, d’ammoniaque ou bien d'autres produits, je n'ai eu que trois petits vertiges qui ne m'ont demandé que dix minutes de remise en état.
Le premier vertige, eu lieu un samedi après un moment intense de travail en prenant l'air près d'une fenêtre entre ouverte derrière les bacs-shampoings.
Je m'étais reculée discrètement dans mon coin, mais G.l'une des coiffeuses qui ne travaillait pas loin s'aperçu tout de suite de mon état. J'étais tout à fait consciente. Elle s'excusa deux minutes auprès de sa cliente, me fit monter au laboratoire, appela discrètement R. qui finissait d'encaisser sa cliente et à peine ai-je eu le temps de m’asseoir, qu'il arriva déjà.
J'ai beaucoup aimé cette discrétion et leur douceur. Ils me parlaient tout deux calmement comme s’ils étaient habitués à de telles situations et lorsque je pu réellement parler, G. repartis vers sa cliente.
R. me posa quelques questions pour mieux me connaitre dans cette situation et savoir surtout quoi faire d'autre selon l'état dans lequel je me trouvai.
En fait, il n'y avait rien d'autre à faire que ce qu'ils avaient fait, c'était parfait!
Je le remerciai  avec la larme à l’œil car une boule d'angoisse s'empara de moi. je fit tout pour la repousser...
Il passa son bras autour de mes épaules et en exerçant une légère pression de réconfort, il me dit de ne pas m'inquiéter, qu'il fallait faire avec et de me détendre un peu avant de les rejoindre en bas.
Il descendit au salon.
Une fois seule dans le laboratoire, je relâchai la boule d'angoisse qui était en moi les larmes m'envahirent, mais souhaitant que tout cela s'arrête, je me mis à plier les serviettes qui n'attendaient qu'à être pliées dans le sèche linge. Ça allait mieux, car je voulais travailler pour préparer mon avenir, c'était ma seule motivation.
J.F me rejoignit et G. suivit, car elle avait fini de coiffer sa cliente. En montant d'un pas express avec un grand sourire elle me dit :
"Bah alors ma grande ! Qu'est ce que tu nous fais ? ça va mieux ?"
Je lui souris timidement en lui faisant un petit signe de la tête car j'étais très gênée...
Elle me dit :
" Hé c'est bon, ne t'inquiète pas, tu nous fais signe et on t'aide, on est tous là pour s'entre aider sinon, on n'avance pas !"
Merci G. pour ton soutien et ta gentillesse et merci R. à vous et toute votre équipe pour l'aide que vous m'avez apporté cette fois ci mais aussi les deux autres vertiges durant ces merveilleuses vacances scolaires on ne peut plus formatrices !

Le dernier samedi de ces vacances, j'ai demandé à R. les possibilités, s'il le souhaitait, pour revenir travailler bénévolement dans son salon tout les samedis en attendant les prochaines vacances scolaires.
R. accepta après un accord commun avec la condition de me reposer les jours ou j'en ressentais le besoin.
Je reparti ravie, avec hâte de rejoindre cette équipe professionnelle.

Après un bon weekend de repos le jour de la rentrée scolaire arrive...
Un mardi 5 septembre...
Levée plus tôt que les jours travaillés pendant mes vacances, après un bon petit déjeuner je pris le bus. Je ne cessais de penser à mes vacances formatrices.

Cette première semaine de lycée, je fit connaissance de S..
Elle était douce et gentille et comme nous nous entendions bien, nous étions l'une à coté de l'autre en classe.

Le vendredi soir arriva très vite.
Rejoignant toujours ma mère à son commerce chaque soir après les cours, je profitai des trente minutes restantes avant la fermeture pour aller chercher 500 grammes de margarine pour réaliser une pâte feuilletée, et une boite de compote de pomme.
De retour à la maison, je fis ma pâte feuilletée avec un kilo de farine pendant que ma mère préparait le repas.
Après le repas, je donnai les trois derniers tours à ma pâte puis mis en forme une vingtaine de chaussons aux pommes. ça sentait bon dans la maison !
Mes frères voulaient en prendre, mais je leurs dit non! Ces chaussons dont les ingrédients étaient payés avec mes pourboires étaient réservés à tous mes collègues pour le lendemain.
La réalisation de ces chaussons était pour moi un remerciement à toute l'équipe pour tous les conseils apportés de chacun pendant les vacances.
Chargée de mes chaussons aux pommes, ma mère me déposa devant le salon et reparti finir de se préparer.
En arrivant dans le salon avec mon plateau couvert d'un torchon dans les mains, R. et toute son équipe levaient les sourcils. Ils n'y croyaient pas.
Mon effet de surprise a bien marché. Que ce soit en guise de petit déjeuner de dessert ou d'en-cas, chacun y trouva son moment pour les savourer.
Le samedi passa très vite. Une bonne journée de plus, appréciée et grandement rémunérée de pour boires suite aux plannings très chargée pour ce samedi de rentrée scolaire.

Le travail me plaisait.
Tout au long de ces deux années j'ai travaillé les samedis et les mercredis après midi la seconde année, sauf lorsque j'était collé.

Me sentant mieux dans ma peau, j'avais tendance à dire ce que je pensais crûment et maladroitement à la façon adolescente, sans manquer de correction, mais les professeurs n'aimaient pas mon comportement particulier.
J'avais mon look à moi, je n’aimais pas suivre la mode pour être habillée comme tout le monde.
Avec mes pour boires et vivant chez mes parents, j'arrivais à m'offrir des vêtements "René Dherry" que j'aimais beaucoup porter avec des chapeaux.

S., mon amie de classe, aimait mon expression physique partagée par mon comportement et mes tenues.
Nous étions toujours ensemble et de plus en plus toutes les deux dans notre coin pour discuter de ce que d'autres ne comprenaient pas.
S. était comme à mes petits soins dès que je ne me sentais pas bien... car l'épilepsie faisait toujours front. C'était gênant, mais notre amitié se tissait au fil du temps.  Elle m'aidait beaucoup pour les cours que je ne pouvait pas noter suite à mes visites sur Oxo.
Elle me tenait la main et me parlait. S. était une amie exceptionnelle !

Lorsque les cours ne nous plaisaient pas, comme nous étions au fond de la classe la plupart du temps, S. écrivait de la prose pendant que je dessinais. Nous échangions régulièrement nos feuilles pour admirer ce que nous faisions chacune.
Les seuls cours ou nous ne pouvions faire cela était le français car S. aimait le français et nous étions au deuxième rang, quand aux cours informatiques et de cuisine, ce n'était pas possible de faire autre chose, mais nous aimions plus ou moins selon les sujets.
Les cours sous DOS n'étaient pas évidents. J'étais déjà tellement habituée aux inventaires, aux chiffrages à la main que je ne comprenais pas beaucoup l'utilisation de l'informatique qui demandait du temps  à programmer avant de servir à de simples calculs.
Madame S. était très gentille. Elle nous faisait rire les matin lorsqu'elle traversait la cour pour rejoindre la "salle des prof" car bien en chair, elle marchait en faisant basculer son corps de droite à gauche avec en hiver, sur la tête, son bonnet orange vif assorti à la couleur de sa voiture. Elle voyait que nous rigolions d'elle mais avait toujours le sourire.
Les cours de cuisines étaient bien aussi, mais nous n'aimions pas le prof qui nous collait en venant trop près de nous et avait un regard vicieux.
Il était énervant ! Avec S. nous le surnommions Gui-gui.
Je me souviens du jour ou nous avons appris à monter les blancs en neige à la main. Personnellement, je l'avais déjà fait à la maison et comme nous étions par groupe de deux, S. me laissa les monter car elle n'en avait pas envie.
Me voyant monter les blancs du premier coup, il se mis derrière moi, passât sa tête au dessus de mon épaule avec un grand sourire mais restant trop longtemps dans cette position, d'un coup, je lâcha mon fouet en faisant de grand mouvements circulaires avec mes bras en lui disant :
"De l'air, de l'air ! il y a mon espace et ton espace ! alors ne me colle pas !"...
Il s'éloigna avec le sourire en fronçant le nez et en marmonnant "gna gna gna!" Il était vraiment con !
Il faut dire qu'il ne s’attendait pas à ce que je réagisse de la sorte.
Pour ma part, avec ce que j'ai subi quelques années auparavant, il ne fallait pas m'approcher. J'étais parfois même agressive.
Comme il continuait ces actions et ses regards vicieux, un jour je suis allée me plaindre à la direction, ce qui nous a permis d'avoir un peu plus de respect de sa part.

J'aimais beaucoup S., elle me parlait de ses projets, de partir sur Paris,... et de mon coté, j'avais mes projets de coiffure... après ces deux années, nous ne nous sommes plus revues.
Quelques temps après notre examen de fin d'année, S. m'a envoyé une carte postale que j'avais jusqu'à ce que l'incendie bouleverse notre vie. Je ne lui ai jamais répondu par écrit car je n'aimais pas écrire. J'ai essayé de la contacter à plusieurs reprises par téléphone mais soit elle n'était pas là, soit ça ne répondait pas. Alors je pensais qu' jour peut-être, suite au destin, nous nous reverrons et seront à nouveau en contact.
J'ai toujours pensé à elle et l'amour que j'avais pour elle est toujours resté en moi avec l'espoir de la revoir un jour.
Je me consolais par mon travail qui venait de démarrer...

R. ayant déjà son effectif d'apprentis, il me prit du mois d’août au mois de décembre en Stage d'Initiation à la vie Professionnelle qui était peu rémunéré, mais qui me convenait car j'apprenais et ne perdais pas mon temps. Après ce premier contrat, un second contrat à temps partiel (selon mon age) du mois de janvier jusqu'à fin août.
Cette année de préapprentissage me permis de m'améliorer.
Je continuais toujours les coups de balais, le travail aux bacs shampoings et le service des cafés, mais observais toujours.
J'appris l'application des colorations sur les collègues, puis la réalisation des mèches en papillotes dont M. était une grande spécialiste !
C'est avec elle que je fis mes premières mèches. Elle était à coté de moi, me commentait dans mon travail pour me faire faire les bons gestes. Les clients étaient très sympathiques et encourageants.
Lorsque les moments était plus creux, mes collègues m’apprenaient les montages des permanentes sur une tête d'apprentissage.
Tout me plaisait tellement que j'apportais de temps en temps des pâtisseries que je faisait la veille au soir en guise de remerciement pour toute l'aide apportée de mes collèges mais aussi R. le patron.

Le premier septembre 1992 commença mon contrat d'apprentissage pour un C.A.P.mixte avec option barbier.
Il me mit sous la responsabilité de M.J. qui était responsable de son nouveau salon à une demi-heure de route.
M.J. prenait l'équipe dans sa voiture et nos échanges durant les trajets étaient toujours de bons moments.
Lorsque les journées étaient très chargées dans le salon principal, je restais travailler avec eux.

Tout se passait bien mais régulièrement, l'épilepsie faisait fond, encore et toujours.
Mon pire moment fût le jour ou j'ai ressenti un énorme coup de fatigue, un léger courant d'air et encore consciente de tout ce qui se passait autour de moi, je ne pouvais plus parler, plus répondre. Il me semble que c'était un samedi car il y avait beaucoup de monde et R. était présent.
J'entendais des brouhahas en bruit de fond des paroles biens distinctes que j'entendais. J'étais comme dans un couloir parallèle avec le ressentis et les sons qui m'entouraient, je luttais pour chasser ce mal mais je n'y arrivais pas. Je me suis comme paralysée, je n'arrivais plus à bouger, je ressentais tout, sans arriver à dire ou à faire quoi que ce soit.
J'entendis les pompiers arriver, j'entendais toujours mais je m'éloignais comme si le tunnel parallèle dans lequel j'étais se capitonnait au fur et à mesure. J'avais mal partout mais avant tout dans la tête. Je sentis les pompiers me parler, me manipuler sur un brancard, me ligoter et me transporter. J'entendis des voix autours de moi dont une que je connaissais qui en me voyant sur le brancard dit:
"Elle fait exprès, ça se voit, elle fait exprès!" 
Je ne pouvais plus bouger, je ne pouvais plus m'exprimer mais j'étais encore consciente, je luttais, mais rien ne faisait et, entendant ces mauvaises paroles, je ressentis comme des nausées, tout devenait mous, je m'enfonçais et ensuite plus rien.
Je ne me souviens plus de mon réveil à l’hôpital, ni de mon retour à la maison.
Durant plusieurs jours, j'ai eu mal partout dans tout le corps, mais encore et toujours à la tête.
L'amie de mon frère P. m'informa qu'une certaine T. avait eu les mauvaises paroles que j'ai entendus en me les répétant. Le jour de mon retour au salon de coiffure, deux de mes collègues m'ont dites que A. l'amie de mon frère avait eu ces mauvaises paroles en question. 
Qui que ce soit me rapporte quoi que ce soit, je savais qui c'était, car dans mon apparente inconscience j'étais consciente, j'ai très bien entendu mais ne pouvais rien faire d'autre que subir.
J'étais dégoûtée ... de ce comportement échappatoire idiot d'incompréhension, mais le mieux était de faire comme si de rien n'était, comme si je ne me souvenais de rien. Ceci me donnait quelques pas d'avance sur le comportement de certains.

Comme il y avait un peu plus d'un an, ... 
Un jour chez mes parents, mes deux frères et leur amie supposées être mes futures belles sœurs M. et A. , nous buvions un coup tous ensembles dans le salon.
Les discutions étaient banales et ma présumée future belle sœur me chambrait sur je ne sais plus quel sujet.
Le ventilateur tournait au dessus de nos têtes pour rendre la chaleur plus agréable mais d'un coup, je ne me sentis pas bien du tout.
L'air brassé provoquait un doux vent qui en caressant mon cou me donna de grands frissons qui partaient du bas des joues, longeaient le cou pour passer sur les omoplates, les cotes pour arriver sur les hanches.
Ma bouche devint pâteuse et même le fait d'avaler ma salive me donnait des frissons à l’intérieur de ma gorge. Je me sentais partir mais je luttais, j'essayais de penser à la mer, à ma future profession ...
Je luttai pour essayer de combattre ces mauvaises sensations d’écœurements tout en essayant de camoufler mon état.
M. qui continuait à m'embêter se rendit compte de mon état et se mit à me dire :
" Allez, arrêtes de le fais exprès, j'avais raison alors tu fais semblant, tu fais exprès ! "
Sans rien dire, je levai ma main vers elle pour lui faire comprendre de me laisser tranquille mais rien à faire, elle continuait son bla-bla incessant en me disant: " aller, arrête ta comédie ! "
Elle se leva car il était temps pour tout le monde de repartir et je l'entendis dire : "elle fait exprès parce qu'elle ne savait pas quoi dire, j'avais raison... pffff, c'est d'la comédie! «.
Mon frère F. dit : «Laisses la tranquille, ça arrive de temps en temps, ça va passer."
Je luttais toujours, le mal aise s'estompait peu à peu, je gagnais la lutte, mais ce n'était pas fini.
Ils partirent tous en direction de voitures et en même temps, 'entendis M. dire à nouveau :
"Elle fait expès, c'est de la comédie et vous tombez tous dans l'panneau ! Ça m'énerve ! pfffff ! Chatouille là et tu verras ! "
Mon frère F. revint seul et essaya de me parler en me tenant le bras.
Tout doucement, le mal partait laissant en moi des nausées, les larmes coulaient et je lui fit signe de me laisser et d'un coup il se mit à me chatouiller brutalement sous les côtes. J'étais chatouilleuse alors j'eus un léger sourire grinçant qui fût vite couvert par les mauvaises sensations qui me firent ensuite grogner car je ne trouvais pas mes mots et il partit en me disant " M. avait raison, tu faisais exprès !" et il partit.

Ils se trompaient tous. Je n'étais vraiment pas bien. Il est vrai que j'étais très chatouilleuse, et que je n'avais qu'une absence, mais ce n'était pas de la comédie...
J'étais à nouveau dégoûtée. Ils ne savaient même pas comment se comporter avec moi lorsque je n'étais pas bien.
Même mon amie S. que j'avais en classe comprenait et savait bien mieux qu'eux quoi faire dans de telles situations.
Après leur départ, ma mère revint vers moi en me disant :
"Franchement, t'exagères ! "
C'était encore plus écœurant d'entendre ces mots de sa bouche !

J'avais vraiment hâte de partir de cette maison pour démarrer ma vie seule. Même avec le risque que ma maladie comportait, vivre seule chez moi était mon envie, mon projet à venir car personne ne m'embêterais dans des moments comme ceux-ci.

Le travail reprit, j'avançais progressivement.
Un jour R. me demanda si j'étais allée voir des spécialistes, s’il y avait des possibilités de guérison à mon problème. Il ne connaissait pas de cas épileptiques donc s'informait... des informations qui me faisaient me poser beaucoup de questions sur moi-même et mon épilepsie.

Suite à cette discussion, un jour en allant chez le médecin comme tout les mois pour la prescription de mon traitement, je demandai au médecin s’il existait une solution pour ne plus être épileptique.
Elle m'envoya à nouveau chez mon neurologue que je voyais tout les six mois pour les Electro-EncéphaloGrammes habituels car elle n'était pas spécialiste en la matière.
Le neurologue me refit un E.E.G. et me dit :
" C'est évident, ce qui provoque vos problèmes est bien dans cette zone temporale gauche, mais nous ne pouvons rien faire d'autre que changer de temps de temps de traitement pour que le corps ne s'habitue pas de trop aux médicaments obligatoires".
Il m'envoya pour une visite chez un professeur en neurologie à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris.
Quelques mois après, jour de ce rendez-vous sur Paris, mon père m'y conduit en me faisant passer mon baptême de l'air avec mon premier trajet aérien. L'avion n'était pas très gros et faisait un certain bruit mais j'ai beaucoup aimé.
La visite chez "le Professeur" fût très rapide.
Entrant dans son bureau, il nous demanda de nous asseoir.
Mon père lui remit le courrier du neurologue. Il ne jeta même pas un coup d’œil sur l'E.E.G. et me demanda de m'asseoir sur la table d'examen.
il prit mes réflexes, regarda mes yeux avec une lampe, me demanda de fermer les yeux, lever les bras, ouvrir les yeux, baisser les bras et suivre son crayon avec mes yeux... et rien d'autre.
Il retourna à son bureau et dit à mon père qu'il ne pouvait rien faire pour mon cas. Ce n'est pas opérable, on ne peut rien faire.
Mon père, complètement choqué de cette rapidité de réponse sans aucune autre question, moi, avec la position bras ballants et la mâchoire non loin de tomber sur le sol fûmes choqués d'une si simple consultation de médecin généraliste de la part d'un soi-disant spécialiste et Professeur en neurologie!
A tel point que nous n'avons pas même pas su quoi dire tellement choqué de ce rendez-vous dont nous aurions pu nous passer.

Nous sortîmes de ce soi-disant hôpital spécialisé et en attendant l'horaire de retour de notre avion qui était en fin de journée, il m'emmena marcher le long des quais, m’offrit une chemise en soie puis nous repartîmes en direction de l'aéroport.
Un comportement encore inexplicable et incompris jusqu'à aujourd'hui, que je ne comprendrai jamais.
C'est comme s'il m'avait prise pour une droguée. Comme si mon neurologue lui avait laissé un message dont je ne saurai jamais le contenu car l'enveloppe était bel est bien scellée.
De retour à la maison, la vie reprit son cours.

J'étais fatiguée, mais le travail était une bonne fatigue qui me motivait énormément.
Je tenais mon compte bancaire sur un grand cahier de classe de manière à savoir ce qu'il y avait au jour le jour avant de voir mon bordereau que je ne recevais qu'en fin de mois.
Le volume de mon trousseau montait. J'avais toute ma batterie de casseroles, mon linge de maison et presque tout ma vaisselle qui tenait dans mon grand placard de chambre... et il y avait encore de la place !

Un jour avec la réserve de mes pour-boires et une petite partie de mes économies me vint l'envie de me payer ma première chaîne Hifi.
Oui, partir de la maison mais avec de quoi écouter de la musique pour ne jamais être seule. Il me fallait bien penser à tout !
F. mon grand frère me dit lundi, je viendrais avec toi pour t'aider à choisir. Mais je savais déjà ce que je voulais.
Mon père souhaitant mettre son grain de sel avec une idée derrière la tête nous y conduit.
Je pris mon chéquier très peu utilisé et nous partîmes à la capitale de notre région.
Lorsque le vendeur nous rejoint, je lui demandai conseil pour une chaîne Hifi de bonne qualité avec platine disques, lecteur de cassettes et de compacts disques créés depuis peu... (oui, je ne suis pas vieille, mais je ne suis plus toute jeune non plus)
Il me conseilla l'une des deux chaines que mon frère me montrait avant son arrivée ce qui me laissa le choix entre les marques Marentz et Technics. J'étais sur le point de choisir la marque Technics que je connaissais de réputation et qui était un peu plus onéreuse que Marentz. Je préférais sa ligne et la finesse de ses touches et me semblais le meilleur produit, lorsque mon père vint faire la moue à mes cotés en me disant de prendre la Marentz qui était déjà bien en me disant : "Pourquoi prendre la plus chère de toute? ".
Mon frère se mit de son coté en me prenant à part et en me disant de choisir celle qu'il me disait car il voulait me l'offrir.
C'était sympathique de sa part, mais il était très important pour moi de me payer mes premier investissements pour commencer ma vie. Après un quart d'heure de ronchonnement avec mon père et de tampon amortisseur de la part de mon frère, j'acceptai et le remerciai lors de notre retour à la maison en lui faisant tout de même remarquer que je préférais la Technics.

Mon frère m'aida à installer ma chaîne dans ma chambre. Le son était bon, j'en était contente car je n'avais pas besoin d'écouter à fond grâce à la qualité sonore (qui ne valait pas la qualité de chez Technics)
Deux jours après, comme très régulièrement depuis que je travaillais, une discussion en désaccord avec mon père me fit repartir dans ma chambre pour être tranquille.
En longeant le couloir qui rejoignait ma chambre, je l'entendis dire :
"Ouai! c'est ça ! Mademoiselle est contente, elle a sa chaîne Hifi !"
Et là bouillonnante d'énervement, je fis demi tour en sa direction  pour lui dire en face :
"Tu n'aurais jamais dû me dire ça !" je lui tournai les talons et retournai dans ma chambre.

Le lendemain matin juste avant d'aller travailler, je fis un passage à la banque pour leur demander de me préparer la somme en espèce correspondant au prix de la chaîne Hifi. Le soir je sortis du travail un petit quart d'heure avant mon heure habituelle pour repasser à la banque afin de retirer mon enveloppe.
Le soir après le repas et avant de me coucher, je pris mon enveloppe  avec le prix de la chaîne au centime près et la jetai fortement sur le ventre de mon père vautré dans son fauteuil devant la télévision avec son petit digestif en main en lui disant :
"Tiens! c'est ma chaîne, c'est moi qui me la paye. Ton pognon, tu peux te l'garder, comme ça tu n’auras rien à me reprocher et rien à me demander non plus. "  et avant qu'il ne dise quoi que ce soit, je partis me coucher.
Il ne bougeât même pas tellement il ne s'y attendait pas.
Le lendemain matin, il essaya de me rendre l'argent, mais je lui reposai fortement sur la table en lui disant : "Non! C’est trop tard, à peine tu me paye quelque chose que tu me le reproche et demain ce sera autre chose alors c'est Moi qui me paye Ma chaîne Hifi et dès que je le pourrai je partirai."
Sur ces mots, je parti travailler à vélo.

Cette année 1992 à l'age de dix sept ans, je pris mes leçons de conduite que mes parents m'offraient comme ils l'avaient fait pour mes frères.
J'eus mon code du premier coup.

Une année vite passée entre le travail qui progressait à grand pas, les séances de yoga qui m'aidaient à me détendre et le code de la route.

Lors de mes trois semaines de vacances d'été, je parti en train dans les Cévennes pour y passer un peu de temps avec mon cousin, son amie et sa fille qui était encore un bébé.
Pour mes premières vacances qui me coupaient un peu du travail j'étais très contente. J'avais le plaisir de retrouver ceux que j’appréciais sans avoir "papa et maman derrière mon dos", en bref, un début de liberté.
Tous s'est si bien passé que tout deux m'ont proposé de revenir aux prochaines vacances.

Mes chefs collègues me laissaient faire les diagnostiques avec le choix des produits de permanentes après le shampoing et de colorations après avoir installé les clientes avant de me rejoindre pour rassurer la clientèle et me donner le feu vert ou corriger mon diagnostique.
R., mon employeur me voyant toujours active et débrouillarde lorsque je dégrossissais les coupes carrées pour mes collègues me fit faire un samedi une coupe homme sur le podium.
Le podium était réservé aux coupes, je suais à grosses gouttes suite au trac... mais sans perdre le nord.
Au bout de 35 minutes, il me rejoint, repris les quelques finitions tout en me montrant les points importants qu'ils me manquaient.
Il était content de moi car il ne me manquait pas grand chose pour que je me débrouille seule.
Après ses quelques coups de ciseaux, il me laissa coiffer le client qui me laissa un pourboire car même si le temps était un peu plus long, il était content de mon travail.
Je le remerciai pour la confiance qu'il m'avait accordée en échangeant un sourire avec lui et il me dit qu'il était tout à fait normal que chacun participe au progrès de tous.
Des mots d'un client que l'on ne peut oublier!
R. me fit signe en levant son pouce avec un grand sourire auquel je répondis avec un grand sourire et une petite larme de joie du coin de l’œil.
Une fois de plus, Merci R. à Vous et toute votre équipe.

Les samedis soir après le boulot, j'allais en boite avec mes frères qui me surveillaient de près.
Danser seule me faisait beaucoup de bien.
Les dimanches matins, levée vers onze heures et après le repas de midi, je faisais une grande boucle d'environ vingt kilomètres à vélo et recommençais ce même trajet les lundis après midi.
Tout au long de la semaine, un jour sur deux, je faisais un crochet de cinq kilomètre à vélo en rentrant du travail pour me défouler et éviter les écœurements que je ressentais lorsque je me retrouvais seule dans cette maison que je souhaitais quitter au plus vite par dégoût et bien d'autres raisons...

Oui, j'étais bel et bien décidée à partir vivre ma vie et je pensais que m'éloigner un peu de mes parents me rapprocherais d'eux.
En début d'année mille neuf cents quatre vingt treize, je me suis acheté un petit salon rotin d'occasion pour mon futur "chez moi".
Le tissus des coussins en bon état était un peu défraîchit, mais après quelques coups de ciseaux dans un tissus d'ameublement et quelques points à la machines, il paraissait comme neuf.
Ma mère était contente pour moi car je me débrouillais dans beaucoup de choses.
Mon père ne voyait pas les choses de la même façon. D'un coté, il était fier de parler de moi à d'autres, mais d'un autre coté, tout ce que je faisais n'était jamais bien. Ce pourquoi nous nous disputions très régulièrement.
Il était tellement énervant, que quelques temps avant, un jour ou ils se disputaient après le repas d'un dimanche midi ma mère pris son couteau de cuisine et le pointa sur le ventre de mon père en lui disant que s'il ne s'arrêtait pas elle lui planterai dans le gras du bide
Il rigolait, jaune, mais il rigolait quand même en lui disant, "bein vas-y! et qu'est-ce qu'tu f'ras après!? hein !"
Elle lâchât brutalement le couteau sur la table et parti se changer les idées en voiture en enfilant l’anorak fuchsia qu'elle venait de m'offrir.

Le dimanche suivant, c'était pour ma pomme. Tout est parti d'une simple discussion et bien que je vivais encore sous leur toit, travaillant et m'assurant moi-même en grande partie, je ne me laissais pas faire. Je lui répondis poliment mais sèchement qu'il était temps que je parte de cette maison pour ne plus subir toutes les engueulades qu'elles soient avec ou sans moi et partis dans ma chambre d'un pas ferme.
Je l'entendis se lever et me suivre d'un pas ferme. J'accélérais mes pas, m'enferma dans ma chambre en bloquant la porte avec mes pieds et en relevant la clenche car je n'avais pas de clefs.
Ayant plus de force que moi, il ouvrit la porte que je tenais encore en main pour m'en servir de bouclier en me collant contre le mur en me disant de lâcher cet porte, mais je lui répondis que non car je ne voulais pas qu'il me frappe.
Il m'arracha la porte des mains. Je me mis en boule contre la porte du placard coulissant sur le coté gauche en prenant soin de protéger ma tête... et... il me frappa avec de grands coups de pieds comme pour se défouler avec un punching-ball...
Ma mère qui le suivait lui tira son polo en lui disant : " arrête là, elle a eu son compte!"
Il était rouge, recula d'un pas et me remis deux autres coups de pieds avant de sortir de ma chambre en fermant la porte.
Je n'en pouvais plus... j'avais très mal ... je ressentais comme des battements de cœur dans ma cuisse droite.
J'étais une fois de plus dégoûtée... il était temps que je parte de cette maison de fous!
Prise de rage, de haine et de dégoût, je pleurais comme une madeleine pour diminuer la tension intérieure de mon corps qui me provoquai des nausées.
J'avais très mal dans la cuisse.
Hématomes et douleurs m'ont suivi durant des mois.

Encore à ce jour, soit vingt deux ans après, une zone de veines éclatées est bien visible et deux à trois fois par an et par moment de grandes fatigues, ces meurtrissures me lancent dans ma cuisse.

Approchant de mes dix huit ans et souhaitant partir de la maison, je commençais à m'informer des tarifs locatifs d'appartements et des aides possibles pour les petits salaires comme celui que je percevais en tant qu'apprentie. C'était pour moi une forme de motivation pour tenir le coup lorsque je n'étais pas au travail.

Je coiffais gratuitement la famille. Les seules personnes qui insistaient pour me payer étaient mon frère aîné F.
J'avais aussi quelques clients "au black" que je coiffait durant mes jours de repos et de congés pour m'aider à progresser et à prendre plus confiance en moi.
C'était un peu comme la cerise sur le gâteau qui me permettait de finir de préparer mon trousseau avant mon départ jusqu'à tous les produits de toilette et d'entretien, comme pour préparer le stock de mon petit chez-moi.

Je pensais aussi souvent à mon cousin chez qui j'avais passé de très bonnes vacances et j'avais hâte de le retrouver avec sa petite famille car tout ceci était programmé pour cet été mille neuf cents quatre vingt treize.
Des vacances après mon examen auquel je m'étais inscrite en candidate libre pour essayer de rattraper ma première année de travail qui aurait du être ma première année de formation C.A.P.
Ce début d'année fût stressant avec ce désir de vivre seule pour quitter ce lieu d'agressions.

Le dimanche 18 avril 1993, l'anniversaire de mes dix huit ans arrive enfin !
C'est ce jour après le dessert que j'ai demandé à mon père qui était agent immobilier de me trouver un appartement que je pouvais assumer avec mes petits salaires grâce aux aides sociales. Une situation qui ne durerais pas très longtemps, car je comptais bien avoir mon diplôme qui m'assurerai un salaire correct pour démarrer dans ma vie.
Il me répondit :
" Oui, on verra!"
Et le connaissant bien, je le mis au pied du mur en lui assurant que s'il ne me trouvait pas d'appartement dans les six mois à venir, je me débrouillerai par moi-même en allant voir ses concurrents.
Il sourit jaune, mais prit ce défit du bon coté.
Une fois par semaine, je lui demandais ce qu'il en était tout en cherchant un peu de mon coté.
Lorsque quelque chose me semblait intéressant, je lui présentais et il m'expliquait pourquoi il ne me l'avait pas proposé. De son coté, il prenait tout son temps et pour ne pas envenimer les choses, je prenais mon désir de partir en patience.

Bien que je vivais encore chez mes parents, je ressentis une forte poussée de liberté fleurir en moi. Plus de demande d'autorisation de sortie et plein d'autres choses pour lesquelles je n'avais plus à leur demander de permission.
Pour cela, je continuais le travail que j'ai toujours fait à la maison en échange des quelques charges que je leur coûtais car je ne voulais rien devoir à mes parents.


En attendant mon appartement, j'en profitais pour finir mes derniers achats et me préparer une petite réserve d'argent avant mon départ pour toujours réussir même si un coup dur financier se présentait à moi.

A très bientôt dans le prochain épisode de ma vie de 18 ans à la rencontre de la lumière de ma vie...